En 1986, H.T. Engelhardt justifiait l’autonomie de la bioéthique à l’égard des éthiques religieuses en partant du fait que les hommes de notre temps sont « moralement des étrangers », les uns pour les autres. En 1991, il entreprit de mieux discerner les relations entre éthiques séculière et religieuse, en gardant la même orientation de pensée, mais en s’attaquant à l’idéologie d’un humanisme athée. Il cherche à établir sur les bases d’une rationalité universelle un « cadre de référence neutre », commun à l’ensemble des partenaires du débat éthique contemporain, mais qui laisserait la place à une pluralité de visions philosophiques, religieuses et morales. Car ce serait ruiner toute éthique que de vouloir fonder la bioéthique sur le seul recours au consentement libre et éclairé du malade et sur le respect de son autonomie, à l’exclusion de toute recherche de « buts transcendants ». – La pensée d’Engelhardt n’est pas exempte d’ambiguïtés sinon de contradictions : il ne dit pas comment son humanisme séculier donnera satisfaction aux partisans des éthiques religieuses ni quel sera le statut institutionnel de ce cadre de référence commun ni quelle issue il propose entre le nihilisme et le relativisme moral ni sur quelle base pourrait se faire une hiérarchisation des valeurs dans une bioéthique séculière. Sa pensée devrait se prolonger en direction des droits de l’homme, mieux distinguer entre principes premiers et principes dérivés, creuser davantage le concept de subjectivité.
Denis MÜLLER. – Bioethics and the theological status of secular ethics. About a recent book by H Tristam Engelhardt Jr
In 1986 H. T Engelhardt justified the autonomy of bioethics as regards religious ethics by starting with the fact that people in our day are “moral strangers” in regard to each other. In 1991 he studied further the relations between secular and religious ethics while keeping the same line of thougbt, but in attacking the ideology of atheistic humanism. He is trying to establish, on the basis of a universal rationality, a “neutral framework “ that would be shared by all those debating contemporaneous ethics. It would leave room for a plurality of philosophical, religious, and moral visions, For it would destroy all ethics if one wished to base bioethics only on trying to get a free and enlightened agreement from the patient and on the respect of his autonomy, in exclusion of every search.for « transcendental ends ». The thougbt of Engelhardt is not free from ambiguities, if not contradictions: he doesn’t say how his secular humanism will give satisfaction to the supporters of religious ethics; nor what the institutional status of tbis common framework would be; nor what he proposes as the way out between nihilism and moral relativism; nor on what basis a hierarchy of values could be created in secular bioethics. His ideas call for further reflection : found etbics on the rights of man; distinguish more clearly between first principles and principles that are derived ; and dig deeper into the concept of subjectivity.
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