Un diagnostic quelque peu réaliste doit le reconnaître : si la majorité de nos contemporains européens restent attachés à ou tributaires d’un « christianisme » sans Dieu et sans Église, beaucoup ne savent plus à quoi sert cette dernière. D’où la question quelque peu provocatrice, livrée au 23e colloque RSR : « Pourquoi l’Église ? ». Une hypothèse a accompagné le travail des participants : c’est principalement la proposition d’un « salut » et d’un salut à orientation eschatologique qui pose problème aujourd’hui. Une Église comprise comme « institution de salut » se voit donc progressivement privée de sa pertinence. D’urgence, elle doit s’interroger sur les « expériences » que désigne, au sein de nos sociétés séculières, le vocabulaire biblique du salut et du Royaume, se demander alors quel « type » d’ecclésialité ou quelle « forme » ecclésiale peut correspondre à sa manière de concevoir le monde dans l’horizon eschatologique et quel rapport nouveau elle peut établir avec d’autres formes de « christianisme », voire avec des « chrétiens sans Église ».