Le dernier colloque des Recherches de Science Religieuse sur une thématique ecclésiale a eu lieu en juin 1990 ; il portait le titre « Un corps pour l’Église » et fut publié dans RSR 79/2 et 3 (1991). Voici comment Joseph Moingt présenta le diagnostic auquel a répondu le colloque de 1990 : « La tournure de ce titre, à la fois interrogative et optative, exprime une inquiétude et un engagement : quel corps sera-t-il possible, quel corps est-il souhaitable de
préparer pour l’Église ? La formulation interrogative signifiait que nous voulions laisser de côté les questions classiques, mais abstraites et intemporelles, de l’ecclésiologie pour nous concentrer sur les problèmes concrets que pose la situation actuelle de l’Église dans nos pays, ceux-là mêmes auxquels s’intéresse tout observateur des évolutions sociales de notre temps, à plus forte raison tout croyant responsable de son identité religieuse : un corps social évidé et éclaté, mal installé dans une société sécularisée avec laquelle il entretient des relations conflictuelles, mal assuré de son propre fonctionnement interne, et par conséquent incertain de son avenir. La forme optative indiquait que nous ne voulions pas nous comporter en observateurs indifférents ou critiques, mais en chrétiens soucieux de l’avenir de notre Église, et en théologiens qui se sentent responsables, pour leur part, de ses orientations. […] C’est l’existence du christianisme en Europe, en tant que corps social identifiable comme tel, qui est aujourd’hui mise en cause »…