Vincent Holzer

 Par le choix de quelques ouvrages d’importance – dont certains ne bénéficient que d’une diffusion trop confidentielle – nous signons notre premier bulletin de théologie trinitaire jusqu’alors tenu magistralement par Christoph Theobald. Une deuxième livraison laissera la part belle à la littérature théologique s’enquérant de la doctrine trinitaire sous l’angle de nouvelles synthèses. Ce premier bulletin est d’intention plus modeste, centré sur des tentatives de relecture critique d’une tradition de pensée tributaire d’une grammaire conceptuelle puisant ses ressources dans l’organon métaphysique. Les ouvrages en question sont déjà des tentatives de « sortie » ou de refonte des catégories d’usage. Il y a encore en théologie trinitaire un « impensé », virtuellement contenu dans des catégories qui semblent, à première vue, avoir épuisé, ou pire, avoir résolu l’indicible et le révélé. Le bulletin s’ouvre par une Trinité contestée, au siècle de Louis le Grand, et c’est l’ombre de Platon qui vient semer le doute et réactiver les tentations modalistes. La période moderne est critique à l’endroit de la Trinité et la croit enracinée dans la prisca theologia plus qu’en sa source scripturaire. La Trinité a dû conceptuellement se réinventer, c’est la leçon de la période contemporaine, et le travail se poursuit. Autour du statut de la « relation », questions anciennes et questions nouvelles se croisent. L’axiome selon lequel il n’y a en Dieu d’individuation qu’à raison de la relation, supporte-t-il une interprétation vraiment théologique ? Comment peut-on délester les personnes de leur positionnement séquentiel et unilinéaire ? N’y a-t-il pas dans la Trinité du « répondant » et de la « réserve », de l’« effectivité » et de la « possibilité », sans contradiction supposée ? A-t-on tiré toutes les conséquences d’un axiome créé en théologie contemporaine, celui des conditions de réversibilité entre Trinité économique et Trinité immanente ? Ces questions alimentent les ouvrages présentés.

1. Tambrun Brigitte, L’Ombre de Platon. Unité et Trinité au siècle de Louis le Grand, Honoré Champion, Paris, 2016, 382 p.
2. Dixsaut Monique (dir.), Contre Platon 1. Le platonisme dévoilé, Vrin, Paris, 2007, 464 p.
3. Cazalis Roland (Éd.), Monade Dyade Triade. Des approches de la réalité, Presses Universitaires de Namur, Namur, 2013, 280 p.
4. Vial Marc, Pour une théologie de la toute-puissance de Dieu. L’approche de Eberhard Jüngel, Classiques Garnier, Paris, 2016, 148 p.
5. Morales Xavier, Dieu en personnes, « Cogitatio fidei » 297, Éd. du Cerf, Paris, 2015, 208 p.
6. Chalamet Christophe, Vial Marc (Éds.), Développements récents en théologie trinitaire dans l’aire anglo-saxonne, « Études de théologie et d’éthique » 5, LIT Verlag, Zürich-Berlin, 2014, 176 p.
7. Hemmerle Klaus, Thèses pour une ontologie trinitaire. Un manifeste, trad. et présentation M. Dupuis, « Philosophie », Ad Solem, Paris, 2014, 91 p.
8. Ferri Riccardo, Essere e comunione. A confronto con la proposta teologico-trinitaria di G. Greshake, « Ecclesia Mater. Studi », Lateran University Press, Rome, 2015, 142 p.
9. Sodi Manlio, Clavell Lluis (Éds.), « Relazione » ? Una categoria che interpella, Libreria Editrice Vaticana, Roma, 2012, 443 p.
10. Corbin Michel, La doctrine augustinienne de la Trinité, Éd. du Cerf, Paris, 2016, 474 p.

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