Pardon et justice de Dieu, dans l’ombre des abus en Église
par Patrick C. Goujon
Le scandale des agressions sexuelles et des emprises commises en Église a vite mis au-devant de la scène la question de la miséricorde et de la justice. C’est à cette question proprement théologique que ce dossier s’attache. Il en va de notre foi en Dieu, et de la vérité de notre confession, que d’entrer dans une attitude juste et miséricordieuse envers les victimes, les fidèles, clercs ou laïcs, et les agresseurs, dont, pour le droit civil, bon nombre de leurs actes relèvent de la criminalité. Dis-moi quelle est ta justice, et je te dirai quel est ton Dieu. Le comité de rédaction n’a pas souhaité revenir sur l’analyse des causes, les mesures à prendre, les réformes à entreprendre. Cela a déjà été très bien fait par d’autres plus qualifiés. Les RSR, fidèles à leur dimension de recherche, ont choisi d’interroger comment ce couple de justice et de pardon pouvait être éclairé théologiquement alors que les abus dans l’Église et leur traitement, même récent, en obscurcissent la portée. Pour autant, à viser la dimension théologique, nous ne voulions quitter ni l’épaisseur du drame et ni sa noirceur. Le pardon, en reconnaissant la profondeur du mal commis, le précise et par là l’amplifie, selon les mots du philosophe Dan Arbib qui a accepté de contribuer à ce numéro. Lequel d’entre nous n’a pas envie de détourner son regard et de passer son chemin ? C’est pourtant de patience – la souffrance qui endure – dont chacun est invité à faire preuve, y compris dans la rigueur de la pensée.
Voir aussi : Émission RCF Belgique à propos du numéro