La conversion écologique en question
Un constat s’est imposé au dernier colloque des RSR : la créativité, l’intelligence et la pugnacité sont à l’œuvre pour transformer nos modes de vie et nos rapports à la terre, menacée par l’exploitation effrénée que nous en faisons. L’aggravation de la crise écologique est sans précédent, et les oppositions aux changements d’économie et de politique nécessaires pour y faire face sont farouches. Il n’est plus possible aujourd’hui de nier les efforts prodigués pour se lancer sur la voie d’une transition écologique. Pour autant, difficile de se défaire de notre impuissance et des sentiments multiples qu’elle engendre. Serait-il contradictoire de remarquer d’un côté les initiatives, de nature et d’ampleur variées, et d’en rester de l’autre à déplorer l’impuissance des transformations entreprises et le peu d’acteurs engagés, comme si le changement n’opérait qu’à la marge ? Paraît-il bien raisonnable d’évoquer le «sentiment» d’impuissance que suscite l’incapacité effective à renverser des modes de production et de consommation destructeurs, comme si les émotions avaient quelque rôle positif à jouer pour faire face à des enjeux d’une telle ampleur? Le colloque rappelle les voies à ouvrir, et déjà ouvertes, sur les plans théorique et pratique. Les solutions techniques seront insuffisantes. Il y faut une mobilisation des acteurs, entreprises, États, citoyens, difficiles à détacher abstraitement des personnes et de leur choix, de leur capacité à débattre, et à s’entendre, alors même que des motivations contradictoires guident les intérêts des uns et des autres. L’avancée vers des transformations de nos rapports à la Terre et à tous ceux qui la composent et la peuplent ne peut se passer de débats.