Bultmann a-t-il été en partie victime d’une certaine « logique du protestantisme » ? R. Marlé a posé la question. Un théologien protestant peut être d’accord pour le fond avec la critique catholique, mais en la reprenant dans un esprit différent qui fera valoir la particula veri propre à Bultmann. On passera en revue à cet effet les quatre principaux griefs qui lui sont adressés.
a) Réduction, au profit de la foi, de l’objectivité de l’historique et de celle du monde. — L’objectivité à revendiquer est celle des données de la croyance, qui sont incarnées, et celle du monde comme lieu de salut. b) Survalorisation de la subjectivité de l’acte de foi au détriment de son contenu. — La particularité de l’engagement de foi dans le présent doit être maintenue, intégrée à une mémoire et à un corps de symbolismes et de références. c) Rejet de la révélation de Dieu à l’extérieur de la raison et de l’expérience historique. — Contre un refus radical à l’excès des médiations de la croyance, on maintiendra que Dieu est « pensable », sans que cela revienne à le « comprendre ». d) Insuffisance de la conception de la théologie comme simple intellectus fidei. — L’exercice théologique doit se déployer sous un horizon universel, mais aussi à un niveau socio-culturel attentif à toutes les inscriptions du religieux dans l’histoire et les mentalités.
En définitive, on peut tenir le « fidéisme » du Bultmann pour l’illustration d’un « destin protestant », sans qu’il ait renié pour autant la théologie dialectique, mais pas davantage la théologie libérale, en tant que la première est une riposte articulée à la modernité et non un retour en arrière.
Rudolf Bultmann, an illustration of a “Protestant destiny” ?
Was Bultmann, to some extent, a victim of a certain “Protestant logic”? R. Marlé asked that question. A Protestant theologian can fundamentally agree with the Catholic position but take it in a different spirit, which would highlight the particula veri proper to Bultmann. The four principal complaints addressed to Bultmann in this matter will be reviewed.
a) Reduction, in favor of the faith, of the objectivity of the historical and that of the world. — The objectivity demanded is for the tenets of belief, which are incarnate, and for a world as the place of salvation. b) Overvaluing of the subjectivity of the act of faith to the detriment of its content. — The particularity of the engagement of faith in the present must be upheld, integrated into a memory and a body of symbolisms and references. c) Rejection of the revelation of God outside reason and historical experience. — Against a radical refusal of the excess of mediations of belief, one can hold that God is “thinkable”, without being “understood”. d) Lack of the conception of theology as simple intellectus fidei. —The theological task should spread itself under a universal horizon, but also to a socio-cultural level that is attentive to all the inscriptions of the religious in history and mentalities.
Finally, one can hold the “fideism” of Bultmann as an illustration of a “Protestant destiny”, without necessarily denying dialectical theology. Nor, indeed, liberal theology, in so far as the former is an articulated reply to modernity and not a return to the past.
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