Par rapport à la problématique de la théodicée classique, l’article opère un renversement de perspective en s’interrogeant sur les forces dont dispose l’humanité dans son combat spirituel contre le mal. L’argument se développe en quatre parties. Une première circonscrit le terrain du questionnement en rappelant comment on y a accédé dans l’histoire de la pensée, et surtout, comment l’expérience du mal-malheur a suscité des ressources trop souvent cachées par une conception du combat spirituel, unilatéralement aux prises avec le mal moral et le péché. Une deuxième partie se situe au niveau des formes de résistance communes aux différents courants religieux ou spirituels de l’humanité. L’approche herméneutique permet de les aborder dans un esprit « oecuménique », approprié à la perspective d’une résistance commune au mal, ce qui fait émerger la question de 1’ultime profondeur de nos ressources spirituelles. C’est sur cet arrière-fond qu’on pourra penser, dans un troisième temps, la conception chrétienne de la résistance au mal comme une manière de donner existence à Dieu au sein de nos combats. La dernière partie devra s’affronter à la ténacité d’une souffrance irréductible, liée à l’existence même de l’homme, que seule l’attitude de l’abandon parvient à intégrer dans la visée théologale de la béatitude.
Resist evil
In relation to the field of inquiry concerning classical theodicy, this article reverses the perspective in questioning the forces that humanity disposes of in its spiritual combat against evil. The argument is developed in four parts. The first part limits the question by recalling how one approaches it in the history of ideas and, especially, how the experience of evil-misfortunes resurrected sources that were too often hidden by a concept of spiritual combat unilaterally at grips with moral evil and sin. The second part is concerned with the forms of common resistances to the different religious or spiritual currents of humanity. A hermeneutical approach allows one to begin in an « ecumenical » attitude, appropriate to the perspective of a common resistance to evil, which brings up the question of the ultimate depth of our spiritual resources. It is with this background that one could think of, on the third level, the Christian conception of resistance to evil as a way of giving existence to God in the middle of our combats. The last Part confronts the tenacity of an irreducible suffering, tied in to man’s very existence, which only the attitude of abandonment succeeds in integrating into the theological perspective of beatitude.
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