D. MÜLLER – Précarité institutionnelle de l’Église et radicalité du Royaume
L’Église de Jésus-Christ, sous sa forme visible et institutionnelle, à la fois plurielle et une, n’est pas une fin en soi et, même dans l’ordre du salut, garde un caractère second et instrumental. Chez Calvin, l’Église, comme Église invisible, doit son existence à l’élection de Dieu. Mais la distinction entre Église visible et Église invisible prend son origine, chez le Réformateur, dans la nécessité de justifier la critique théologique et pratique de l’Église romaine. Nous sommes donc ici à un carrefour entre la fondation théologique de l’ecclésiologie et sa condition historique.
À terme, c’est-à-dire à l’aune de l’espérance de la venue du Royaume de Dieu et de la communion des saints, la distinction entre Église visible et Église invisible s’estompe, non en faveur de la seconde, mais en fonction du règne universel et final de Dieu, lequel transcende les limites de toute forme d’ecclésialité. Mais cette délimitation claire entre l’Église et le Royaume de Dieu, ou, exprimé d’une autre manière, entre la vie croyante sur terre et la communion éternelle en Dieu, n’a pas pour effet de dénier la nécessité de médiations humaines, notamment juridiques, dans l’organisation concrète des Églises visibles sur cette terre. C’est de cette tension productive entre eschatologie, ecclésiologie et droit qu’il va être question dans la suite de cet exposé, d’un point de vue protestant, mais en faisant référence à quelques dossiers théologiques significatifs.
D. MÜLLER – The institutional precariousness of the Church and the radicality of the Kingdom
The Church of Jesus Christ, in its visible and institutional forms, both plural and singular, is not an end in itself and, even in the order of salvation, retains a secondary and instrumental character. In Calvin’s works, the Church, as invisible Church, owes its existence to God’s sovereign choice. However, the distinction between visible and invisible Church has its origin for Calvin in the necessity of justifying the theological and practical criticism of the Roman Catholic Church. This places us at a crossroads between the theological foundation of ecclesiology and its historical condition.
Finally, that is, by the measure of the hope in the coming of the Kingdom of God and of the Communion of Saints, the distinction between visible and invisible Church fades away, not in favour of the latter, but through the universal and final reign of God which transcends the limits of any form of ecclesiality. But, this clear boundary between the Church and the Kingdom of God or, expressed in another way, between a life of belief on Earth and the eternal communion in God, in no way denies the necessity of human mediations, especially legal ones, in the concrete organization of visible Churches on Earth. The subject of the following examination is precisely this productive tension between eschatology, ecclesiology and law, seen from a Protestant standpoint, but addressing several significant theological issues more generally.
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