Les dérives politiques, au XIXe siècle, du thème du Royaume de Dieu et des attentes messianiques, et les désillusions qui en résultent aujourd’hui, invitent à mieux souligner le caractère théologal de l’espérance chrétienne en lien avec la foi au Dieu créateur.
Confesser la création, en effet, désacralise la nature et donc aussi l’histoire et renvoie ainsi la fin ultime au-delà des aspirations aux satisfactions d’ordre mondain. La logique de l’incarnation également, tout en inscrivant notre action dans le monde, projette notre vérité au-delà de lui, en Dieu seul. La fin ultime est pascale : en lien avec l’humain et le monde, mais en rupture avec l’histoire et la nature, et non en prolongement ni en comblement de l’une ni de l’autre. La matrice apocalyptique disjoint le Règne de Dieu de l’ordre de ce monde. L’ultime habite et transforme le présent, mais il n’est pas le terme du déroulement du temps.
Le chrétien est institué témoin du Règne de Dieu sur ce monde, « théâtre de sa gloire » (Calvin) : c’est pourquoi son espérance est hétérogène à ce monde. En tant que vertu théologale, elle n’oublie pas de faire mémoire du passé pour se disposer à recevoir le futur, mais elle ne fait pas du futur qui vient de Dieu l’accomplissement d’un sens de l’histoire, pas plus que l’éternité ne se situe sur la ligne du temps.
For an incarnated existence between time and eternity. « To realize the hope that is in us ».
The political deviations in the 19th century of the theme of the Kingdom of God and of Messianic expectations, and the disillusions that are the result today, invite us to underline better the theological character of Christian hope connected with faith in a creator God.
To avow the creation, indeed, desacralizes nature and, therefore, also history, thereby sending the ultimate end beyond aspirations to satisfactions of a worldly kind. The logic of the Incarnation, while writing our action in the world, also projects our truth beyond it, in God alone. The ultimate end is paschal : in connection with the human and the world, but in rupture with history and nature, and not in prolonging nor in filling up of the one nor of the other. The apocalyptic matrix disconnects the Kingdom of God from the nature of this world. The ultimate inhabits and transforms the present, but it is not the end of the passing of time.
The Christian is made witness to the Kingdom of God in this world, « theatre of his glory » (Calvin) : that is why his hope is heterogeneous to this world. As a theological virtue it does not fail to remember the past in order to dispose itself to receive the future. But hope does not make of the future that comes from God the accomplishment of a sense of history, no more than eternity is situated on the time-line.
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