Pour les religions comme pour les cultures, la mondialisation présente un double écueil, dialectique : elle peut conduire aussi bien à un syncrétisrne destructeur des identités qu’à des crispations fondamentalistes. Cependant, elle devrait pouvoir favoriser un œcuménisme interreligieux à l’échelle de la planète sans tomber dans le mythe d’une religion mondiale. C’est dans la fidélité à son identité propre que chaque religion peut témoigner de la quête universelle d’une Réalité dernière qu’aucun système religieux ne saurait épuiser. Sans avoir la prétention d’instaurer un nouvel ordre mondial, le christianisme détient un pouvoir prophétique de contre-culture contre les risques à la fois de déshumanisation et de fractures entre personnes et communautés ethniques et religieuses. Religion d’incarnation, il n’annonce pas seulement à tout être humain le salut gratuit de Dieu, il travaille à la guérison des cultures et de la création tout entière. L’Église annonce Jésus-Christ comme événement de salut universel pour tous les hommes, y compris ceux qui appartiennent à d’autres traditions religieuses. Mais les témoins de l’évangile doivent apprendre à ne pas confondre l’universalité du mystère du Christ avec celle du christianisme compris comme religion historique indissociable de sa figure occidentale, et à maintenir une distance entre l’Église comme moyen de salut et le Royaume de Dieu qui ne cesse d’advenir au-delà de ses frontières.
Claude GEFFRÉ .– For a world-wide Christianity
For religions as well as cultures, globalization presents a double reef or dialectic : it can not only lead to a destructive syncretism of identities but also to fundamentalist reactions. Il should be able, nevertheless, to favor an inter-religious ecumenism on a planetary scale, without falling into the myth of a world religion. Each religion, faithful to its proper identity, can witness to the universal search of a last Reality, which no religious system can exhaust. Without having the pretension of installing a new world order, Christianity holds a prophetic and counter-cultural power against the risks of, not only dehumanization, but also breakups between persons and ethnic and religions communities. As a religion of incarnation, Christianity not only announces to every human being the gratuitous salvation of God, but it works in healing cultures and all creation. The Church announces Jesus Christ as an event of universal salvation for all humanity, including those who belong to other religious traditions. But the witnesses of the Gospel must learn not to confuse the universality of the mystery of Christ with that of a Christianity understood as a historical religion inseparable from its western form, and to maintain a distance between the Church as means of salvation and the Kingdom of God that doesn’t cease to go beyond its frontiers.
Vous souhaitez lire l'article dans son intégralité
Vous êtes abonné à RSR
En préparation
Si vous n'êtes pas abonné à RSR
> abonnez-vous en ligne et téléchargez gratuitement toutes les archives
> ou achetez le numéro concerné pour le recevoir à domicile
> ou téléchargez immédiatement l'article (3 TTC ou gratuit si l'article a plus de 5 ans de parution)