Le retour de l’eschatologie

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avril-juin 1996 - tome 84/2

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L’eschatologie a marqué la théologie chrétienne du XXe siècle. Initiateur en ce domaine, R. Bultmann entreprend une herméneutique « existentiale » et « démythologisante » de la prédication apocalyptique de Jésus, mise en lumière par J. Weiss et A. Schweitzer : en Jésus Dieu prononce la parole définitive qui m’appelle aujourd’hui à la décision de foi et à l’existence authentique. La théologie apprend ainsi à parler de Dieu avec sens en parlant de l’homme. Avec J. Moltmann, le futur est désenclavé du présent où le laissait Bultmann, et l’eschatologie se fait résolument christologique en même temps qu’historique ; mais le passage de la Théologie de l’espérance au Dieu crucifié pose le problème redoutable du lien entre l’horizon de l’espérance et l’histoire abandonnée à la souffrance. Pour J. Moingt, la résurrection, fondement de la christologie, permet de relire la vie de Jésus comme l’histoire de Dieu menant avec les hommes depuis la création le combat eschatologique de la vie contre la mort.
La pensée eschatologique s’élabore aussi dans la ligne des théologiens de l’histoire. O. Cullmann fait du Christ le centre de l’histoire du salut, entre un « déjà là » et un « pas encore ». Avec plus d’ambition mais aussi d’ambiguïté, W. Pannenberg situe la résurrection de Jésus, en tant qu’événement historique, au regard de l’histoire universelle dont elle anticipe la fin. La pensée eschatologique ne laisse pas de travailler également d’autres théologies, davantage marquées par les problématiques traditionnelles.

The return of eschatology

Twentieth century Christian theology has been marked by eschatology. R. Bultmann, initiator in this field, underlook an “existential” and “demythologising” hermeneutic of the apocalyptic preaching of Jesus, which had been brought. to light by J. Weiss and A. Schweitzer : in Jesus God pronounces the definitive word that calls me to a decision of faith and authentic existence today. Theology thus learns to speak of God with meaning by speaking of man. With J. Moltmann, the future is freed from present, where Bultmann had left it, and eschatology became resolutely Christological at the same time as historical. But the passage from the Theology of Hope to the Crucified God poses the difficult problem of the connection between the horizon of hope and history left to suffering. For J. Moingt, the resurrection, foundation of Christology, permits a rereading of the life of Jesus as the history of God, who, from the time of creation, leads humanity in the eschatological combat of life against death.
Eschatological thought also develops in the direction of theologies of history. O. Cullmann makes Christ the center of the history of salvation, between an “already here” and a “not yet”. With greater ambition but also ambiguity, W Pannenberg places the resurrection of Jesus as a historical event, in comparison with universal history, of which it anticipates the end. Eschatological thought does not fail to also influence others theologies, more marked by traditional problematics.

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