Le mouvement appelé Conservative ou massorti est le courant le plus florissant du judaïsme depuis le début du siècle aux États-Unis, d’où il s’est répandu en beaucoup de pays (dont la France). Cherchant à se frayer une voie entre les tendances « réformée » et « orthodoxe », qui se sont affrontées en Allemagne depuis le milieu du XIXe siècle, puis aux Etats-Unis, ce courant est significatif des tensions et des évolutions qui traversent le judaïsme contemporain. Reprenant l’intuition fondamentale de Frankel, pour qui la tradition est un dynamisme de changement, le Conservative entend garder l’identité juive dans la fidélité à la Halakha tout en lui permettant de s’adapter aux temps nouveaux. Mais comment tenir alors et garantir l’origine juive de la Halakha ? S’inspirant de Rosenzweig et de Buber, les théologiens du Conservative conçoivent la révélation comme l’expression de la Parole de Dieu dans l’histoire d’Israël, au présent (Herberg) ; comme un enseignement avant tout ordonné à l’action éthique et toujours en quête d’interprétation (Heschel) ; elle est véhiculée par l’histoire du peuple et son autorité réside dans la communauté (Gillman). Ainsi se confirme l’évolution de ce mouvement vers des positions plus « libérales », qui ne manquent. pas de susciter bien des questions : qu’est-ce qui justifie l’obéissance à une tradition humaine, comment autoriser, discerner, imposer des changements de pratique ? À travers ces interrogations, le judaïsme apparaît comme la religion de l’incessante élaboration de la Loi.
Judaism in the modern world : the example of Conservative Judaism
The most flourishing movement in Judaism since the beginning of century in the United States has been the Conservative or massorti. From there it spread to other countries, including France. Seeking a way between the « reform » and « orthodox » tendencies, which have been in conflict since the middle of 19th century in Germany, and subsequently in the United States, this continuing debate is indicative of the tensions and evolutions that traverse contemporary Judaism. Taking up the fundamental intuition of Frankel, for whom tradition of a dynamism of change, the Conservative wishes to keep a Jewish identity in fidelity to the Halakha, white allowing the possibility of adapting to modern times. But how can one maintain and guarantee the divine origin of the Halakha ? Inspired by Rosenzweig and Buber, the Conservative theologians see revelation as the expression of the Word of God in the history of Israel : in the present (Herberg , as a teaching above all directed to ethical action and always open to interpretation (Heschel) ; as conveyed by the history of a people, and whose authority resides in the community (Gillman). The evolution of this movement towards more « liberal » positions is thus confirmed, but raises many questions: what justifies obedience to a human tradition, how can it authorize, discern, or impose changes of practice ? Through these interrogations, Judaism appears as a religion of unceasing elaboration of the Law.
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