La pensée contemporaine est-elle accessible au concept biblique de fin de l’histoire ? Les sciences de l’univers et celles de la vie ont répandu, à l’aide de diverses notions de temps, des scénarios de fin du monde qui renvoient à la philosophie la question angoissante de l’avenir de l’humanité. Dans le passé, les gnoses avaient élaboré une représentation du temps brisé, que les philosophies modernes ont entrepris de démythologiser de bien des façons : morales purement rationalistes, qui tantôt acceptent tantôt refusent l’idée d’une fin morale, morales utopiques, vision d’un cosmos régi par des lois mécaniques, vision d’une histoire dépourvue de sens et de finalité.
Cependant, si la temporalité est inscrite au cœur du réel, la question de la fin ne peut pas être éludée. De nos jours, la pensée de la mort est le lieu d’une interrogation métaphysique sur l’être (chez Heidegger, dont Bultmann a subi l’influence) ; la philosophie de l’histoire pense la fin à la lumière d’une exigence de justice (dans la ligne de Hegel ou Marx) ; la pensée de l’altérité (Levinas) est la postulation d’un dépassement du temps ; dans l’éthique de l’action, la notion d’événement (Ladrière) introduit à une destinée de liberté ouverte sur une transcendance ; l’analyse du langage symbolique (Ricœur) dévoile la dimension eschatologique de la raison dans sa recherche du vrai : autant d’ouvertures philosophiques sur l’espérance théologale.
Thinking about the End
Is contemporaneous thought accessible to the biblical concept of the end of history ? With the help of different notions of time, universe and life-sciences have spread scenarios of the world’s end that pass on to philosophy the anguishing question of the future of humanity. In the past, gnostics elaborated a representation of broken time, which modern philosophies went about demythologizing in diverse ways : purely rationalistic morals, which at one time accept and another time refuse the idea of a moral end, utopian morals, vision of a cosmos ruled by mechanical laws, and the vision of a history empty of meaning and finality.
Nevertheless, if temporality is inscribed in the heart of the real, the question of the end cannot be avoided. In our time, thinking about death leads to a metaphysical interrogation about being (with Heidegger, who influenced Bultmann) ; the philosophy of history thinks about the end in light of a demand for justice (in line with Hegel or Marx) ; the idea of alterity (Levinas) postulates the overcoming of time; in the ethics of action, the notion of event (Ladrière) introduces a destiny of freedom open to transcendence ; the analysis of symbolic language (Ricœur) unveils the eschatological dimension of reason in its search for the true, – these are some of the philosophical openings to theological hope.
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