François Euvé
La lente émergence de l’idée de conversion écologique dans le monde catholique
L’encyclique Laudato si’ invite à une « conversion écologique ». D’autres textes magistériels l’avaient précédée dans cette voie, marquant ce qu’Adolphe Gesché avait qualifié de « tournant cosmocentrique », par contraste au « tournant anthropocentrique » (Karl Rahner), caractéristique de Vatican II. Ce double tournant explique pourquoi, en dépit de signaux précoces alertant sur la dégradation de l’environnement et sur la responsabilité humaine, le monde catholique a perçu plus tardivement que le monde protestant la nécessité d’un changement d’attitude. En outre, cela pose la question de la place de l’humain au sein du monde selon le dessein créateur de Dieu. Parler de « conversion » suppose un retournement ou un décentrement vers Dieu, mais un Dieu qui confère à chaque créature une « valeur propre ».
The progressive emergence of the idea of ecological conversion in the Catholic world
The encyclical Laudato si’ invites us to an « ecological conversion ». Other magisterial texts had preceded it on this path, marking what Adolphe Gesché described as a “cosmocentric turning point” in contrast to the “anthropocentric turning point” (Karl Rahner) characteristic of Vatican II. This double turning-point explains why, despite early warning signs of environmental degradation and of human responsability, the Catholic world, later than the Protestant world, perceived the need for a change of attitude. In addition, this raises the question of the place of the human amidst the world according to God’s creative plan. Talking of conversion presupposes a reversal and a shift towards God, but towards a God who confers on each creature a “value of its own”.
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