L’homme est-il supérieur à la bête ? Le doute de Qohéleth

par F. LAURENT

janvier-mars 2003 - tome 91/1

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Si les paroles du Qohéleth ne manquent pas de provoquer le lecteur, l’assimilation de l’homme et de la bête en QO 3,19 est certainement une des affirmations les plus rudes du texte. Cet article s’intéresse à cette étonnante pensée par une lecture des versets 3,16-21 de l’Ecclésiaste qui met en valeur l’effet de sens produit par la conjonction de deux propos dont le lien n’est pas spontané : le jugement de Dieu et la mort identique de l’homme et de la bête. L’approche exégétique et littéraire montre comment Qohéleth déploie une réflexion de type fondamental sur l’homme qui, à travers une négation à la fois anthropologique et éthique, met violemment en question le sens de l’homme, de son agir, en référence au jugement et au gouvernement divin. C’est en négatif que la relation entre justice de Dieu et création apparaît. La mort de l’homme met Dieu en cause en interrogeant non seulement la pertinence d’un jugement appliqué à un homme dont la mort est semblable à celle de la bête, mais aussi le geste créateur de Dieu et les commencements, là où se décide la destinée humaine.

Is man superior to the animal ? Qoheleth’s doubt

If the words of Qoheleth do not fail to provoke the reader, the assimilation of man and animal in QO 3,19 is certainly one of the harshest affirmations of the text. The article is interested in this astonishing idea through a reading of verses 3,16-21 of Ecclesiastes, which highlights the effect of meaning produced by the conjunction of two statements whose connection is not spontaneous: the judgment of God, and a death that is identical in man and animal. An exegetical and literary approach shows how Qoheleth makes use of a fundamental type of reflection on man, who, through a negation at once anthropological and ethical, violently puts into question the meaning of man and his behavior, in reference to divine judgment and government. The relation between the justice of God and creation appears in a negative light. Man’s death implicates God by questioning, not only the pertinence of judgment applied to a man whose death is similar to that of an animal, but also the creative gesture of God and beginnings, there where human destiny is decided.

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