Repenser la création à l’âge de l’anthropocène
par Christoph Theobald
Parue en mai 2015, l’encyclique Laudato si’ du pape François sur la sauvegarde de la maison commune représente, selon bon nombre d’observateurs et de penseurs, scientifiques, philosophes ou théologiens, un acte prophétique, un tel acte proposant une nouvelle figure de la tradition chrétienne sur notre planète : non seulement elle associe la clameur des pauvres à celle de la terre, considérant cette dernière avec saint François comme mère et comme sœur, mais elle induit aussi, pour celles et ceux qui entendent ces cris, une nouvelle théologie – expérimentale – de la création. Le moment semble donc venu de ne plus se contenter d’une exégèse du texte ; il s’agit bien plutôt d’en mesurer les enjeux de fond : par rapport à la représentation moderne du monde et à notre nouveau régime climatique, en relation avec la source biblique de la tradition chrétienne et en considération des problèmes herméneutiques que pose et posera encore l’émergence d’une nouvelle figure d’un christianisme devenu planétaire, au sens aussi où il prend soin de notre planète.