Le symbolisme du Temple et le Nouveau Temple

par Guy CHALVON-DEMERSAY

avril-juin 1994 - tome 82/2

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Le symbolisme du temple court d’un Testament à l’autre, non sans de profondes transformations. Dans toutes les religions, le sanctuaire est conçu comme le centre du cosmos, point de rencontre du ciel et de la terre, et sa construction reflète la cosmogenèse. Le Temple de Jérusalem, qui a pu subir l’influence des anciens cultes cananéens et des civilisations voisines, n’échappe pas à cette loi générale. Mais la perspective historique et eschatologique, qui caractérise la foi yahviste, recouvre les symbolismes cosmologiques. On les reconnaît néanmoins dans des détails architecturaux, comme les chérubins, dans le mobilier du Temple, le voile, ou encore dans le vêtement du Grand-Prêtre.
Le Nouveau Testament assume le langage symbolique de l’Ancien, bien déstabilisé, à l’époque où Jésus entre en scène, par les évolutions et les antagonismes des divers groupes religieux. Un processus de spiritualisation et d’intériorisation s’était mis en route dans les écrits apocalyptiques et qumrâniens. Le rapport mis par les évangiles entre Jésus et le Temple, joint à d’autres éléments narratifs, de la Passion notamment, fait pénétrer le symbolisme du Temple dans la figure messianique de Jésus. C’est lui qui est le Nouveau Temple dans les écrits johanniques, qui présentent quelques affinités avec ceux de Qumrân. Dans les écrits pauliniens, comme chez les chrétiens hellénistes de Jérusalem, c’est la communauté chrétienne, unie au Christ, qui est le Temple spirituel habité par l’Esprit Saint. Le symbolisme cosmologique trouve là son aboutissement.

Guy CHALVON-DEMERSAY. – The symbolism of the Temple and the New Temple.

The symbolism of the temple runs from one Testament to the other, but not without profound transformations. In all religions the sanctuary is seen as the center of the cosmos, the point of encounter between heaven and earth, and its construction reflects the cosmogenesis. The Temple of Jerusalem, which could have undergone the influence of old Canaanite cults and the neighboring civilizations, does not escape from this general law. But the historical and eschatological perspective, whicb characterizes Yahvist faith, covers over the cosmological symbolisms. We recognize them, nevertheless, in architectural details, such as the cberubims, the furniture of the Temple, the veil, and the vestment of the Higb Priest.
The New Testament assumes the symbolic language of the Old, whicb, at the time wben Jesus entered upon the scene, was unstabilized by the evolutions and antagonisms of diverse religious groups. A process of spiritualization and interiorization began witb apocalyptic literature and the writings of Qumran. The relationship that the Gospels set up between Jesus and the Temple, joined to other narrative elements, notably of the Passion, made the symbolism of the Temple enter into the messianic figure of Jesus. He is the New Temple in the writings of John, who presents some affinities with the writings of Qumran. In the Pauline writings, as with the Hellenist Cbristians of Jerusalem, it is the Christian community, united witb Christ, who is the spiritual Temple inhabited by the Holy Spirit. The cosmological symbolism finds there its completion.

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