Contributions à une heuristique trinitaire
par Patrick C. Goujon
La Trinité, quoi de neuf ? On pourrait croire les questions de théologie trinitaire résolues, si ce n’est éculées, comme l’avoue un des auteurs de ce numéro, à qui l’on doit l’argumentaire général, Vincent Holzer, et que je veux remercier pour avoir préparé ce dossier. On pourrait craindre de voir s’enfermer la théologie dans sa plus grande abstraction, loin des préoccupations des fidèles et des contemporains. Évidemment, les pages qui suivent ne relèvent pas de la prose ordinaire. Pourtant, comme on le lira en acceptant le travail exigeant des concepts et de leur langue rigoureuse, l’enjeu principal est bien de référer la confession de foi trinitaire à l’expérience des croyants. Or, rôde toujours une certaine forme ou de suspicion ou de commun préjugé que les formulations trinitaires seraient d’abord des emprunts à la pensée néoplatonicienne. Ce dossier défend une tout autre hypothèse, par une approche historique et systématique, qui fait place à la narrativité néo-testamentaire : c’est l’expérience que les croyants font de l’Esprit Saint, celui qui « vivifie », qui donne accès aux relations du Père et du Fils, à leur union. « Il y a d’abord une pneumatologie à laquelle se rattachent symétriquement la patrologie et la christologie », écrit V. Holzer.