Apocalypse et livres sapientiaux. Sagesse et apocalyptique

par Gilbert Vincent

Avril-Juin 2020 - tome 108/2

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Gilbert Vincent

 

Apocalypse et livres sapientiaux. Sagesse et apocalyptique

La fièvre apocalyptique est un phénomène récurrent qui se présente comme une crise à  la fois sociale et symbolique qui subvertit l’articulation spatio-temporelle constitutive d’un monde. C’est l’amplification imaginaire, quasi panique, de maux collectifs face auxquels l’espérance paraît en défaut. L’Apocalypse biblique a longtemps alimenté cet imaginaire. Or, dans le catastrophisme contemporain, né d’une angoisse écologique anticipant le pire, l’apocalyptique s’est sécularisé : la Nature (re)devient une figure mythique ; elle se vengerait d’avoir été abusée. Face à cette sorte de pathos collectif, quelle sagesse, quelle retenue sont–elles possibles ? Il se trouve que, dans le corpus biblique, l’opposition de deux types de temporalité – sous le signe de la fin des temps et sous celui d’une certaine continuité – a donné lieu à un travail symbolique intense dont on peut dire, en assumant le risque de toute interprétation, qu’il vise à limiter chacun de ces types par l’autre, donc à conjuguer « poétiquement » désespoir et confiance raisonnée, sinon dans le monde, du moins dans un « monde possible ».

Apocalypse and sapiential books. Wisdom and Apocalyptic

Apocalyptic fever is a recurrent phenomenon that occurs as both a social and a symbolic crisis and has a subversive impact on the spatio-temporal articulation constitutive of a world. It is an imaginary, nearly panic-ridden amplification of collective problems to which hopefulness seems helpless to provide a response. The Biblical Apocalypse long underwrote this imaginary and, in the contemporary atmosphere of catastrophism, born of an ecological anguish that foresees the worst, the Apocalypse is secularized: Nature becomes (once again) a mythical figure, considered as taking revenge for having been abused. Confronted with this sort of collective pathos, which wisdom, which caution seem to be possible ? As it happens, in the Biblical corpus, the opposition of two types of temporality – that in terms of the end of time and that in terms of a certain continuity – gave rise to an intense symbolic effort of which we may say, assuming the risk of any interpretation, that it aims at limiting each of these two types, hence to “poetically” conjugate dispair and well-reasoned confidence, if not in the world, at least in a “possible world”.

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